Interview de Thibault Renaudin et Romain Le Gloahec de l'association InSite

A quel besoin répond votre association et pourquoi vous être engagé autour de la jeunesse ?
L’association a été créée il y a 6 ans à partir de deux idées et de deux constats.
Dans les territoires ultra ruraux aux communes de moins 1500 habitants, il y a comme partout des gens extraordinaires, mais qui ont la spécificité d’avoir peu de moyens humains et financiers pour agir, alors qu’ils créent des projets, inventent de choses avec peu de moyens. Cela peut engendrer une frustration et le sentiment d’être mise à l’écart du récit national. Je pense en particulier aux élus locaux.
La deuxième chose, c’est que notre société porte un regard faussé sur la jeunesse, qui serait égoïste et absorbée par les écrans. La réalité c’est que les jeunes français s’engagent plutôt plus que d’autres au service de l’intérêt général. Encore faut-il être en capacité de leur proposer des terrains d’engagement différents. Nous avons ainsi imaginé un dispositif d’Erasmus rural, sous la forme du volontariat, en proposant à des jeunes par équipe de deux, de rejoindre un village en service civique. Cela permet une expérience extraordinaire de cohabitation entre ces jeunes et les acteurs des communes, et aux communes de bénéficier d’un appui qui ne leur coûte rien si ce n’est l’hébergement des jeunes. Pour les élus, c’est un vrai accélérateur de projets !
Cette première expérience a été un succès puisque 200 villages en ont bénéficié sur 8 régions et que 20% des jeunes sont ensuite restés dans les territoires. Une trentaine d’emplois ont ainsi été créés. Et cela a permis des rencontres qui ne se seraient sinon jamais faites.
Vous lancez aujourd’hui une nouvelle expérimentation avec le « stage rural », quel est l’objectif ?
Après plusieurs années de travail sur le volontariat rural, nous avons voulu aller plus loin dans ce dispositif pour répondre notamment aux besoins d’ingénierie des territoires ruraux et augmenter le niveau d’accompagnement. Nous proposons désormais un nouveau dispositif qui est le « stage rural » avec la perspective aussi d’aller après cette expérimentation sur des contrats d’apprentissage. Ce dispositif va permettre d’aller plus loin sur la mobilisation des compétences, de l’expertise et des connaissances académiques des jeunes. Cela va permettre aussi d’amener d’autres jeunesses. Cela va aussi demander d’avoir des tuteurs, de trouver des logements, de trouver des solutions pour la mobilité de ces jeunes, je pense par exemple au partenariat que nous avons avec La Poste sur la mise à disposition de vélos reconditionnés.
Comment ce dispositif est-il accueilli par les jeunes et quels types de profils attirez-vous ?
La bonne nouvelle c’est que les jeunes répondent présents et nous recevons des candidatures. Dès qu’on lève les freins, les jeunes se saisissent des opportunités, et il y a une vraie envie d’aller vers les territoires ruraux.
Nous attirons de nouveaux profils et notamment des jeunes en « bifurcation », qui veulent faire une pause pour réfléchir à leur projet de vie, et leur transition. C’est une vraie opportunité que nous leur proposons, une expérience de vie, des rencontres avec un écosystème local, la découverte de territoires, une ouverture d’esprit !
Nous avons plus de mal en revanche à mobiliser des jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville.
Quel serait votre rêve ?
Nous aimerions proposer le stage rural dans l’ensemble des territoires. Ça crée plein de choses. L’impact pour les jeunes et les territoires est énorme, cela contribue à réduire les fractures (intra générationnelles et intergénérationnelles) et rapproche le monde politique et les jeunes. Les jeunes qui vivent en proximité des maires découvrent que ce sont des héros du quotidien et inversement les élus découvrent que les jeunes ne sont pas des flemmards et qu'ils ont envie d’agir. Pour démultiplier cet impact, il nous faut des moyens significatifs, mais la bonne nouvelle, c’est que ça fonctionne !!

Une expérimentation soutenue par :



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