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LES NOUVEAUX DEFIS DES POLITIQUES D'ACCUEIL

Emmanuelle Coratti

Dernière mise à jour : 10 janv.




INTERVIEW DE JEAN-YVES PINEAU, LES LOCALOS




Tu travailles depuis 30 ans sur l’accompagnement de politiques d’accueil dans les territoires ruraux, les défis de l’accueil ont-ils évolué lors de ces décennies ou tourne-t-on finalement toujours autour des mêmes enjeux ?


Je dirais qu’on retrouve les mêmes freins, les mêmes tensions et en contrepoint les mêmes espoirs liés à l’accueil de nouvelles populations dans les territoires ruraux. Il y a encore beaucoup d’inertie. Les points d’achoppement restent les mêmes et la question de la place faite aux nouvelles populations (physique, symbolique, politique) se pose toujours de manière aigüe, sans doute en revanche avec de nouveaux paramètres. Je pense notamment aux questions d’habitabilité des territoires, et de partage des communs, que doivent désormais intégrer les politiques d’accueil face à l’urgence des transitions. Le vocabulaire change également et aujourd’hui on parle plus volontiers d’hospitalité que d’attractivité. Cela dit quelque chose d’un changement de posture et de paradigme. Là où il y a une volonté, il y a un chemin, pour traiter ces questions délicates.


Quels sont pour toi les principaux défis ?


Ils sont nombreux, mais je vois en premier lieu la question centrale de la propriété de la terre, qui se pose de nombreuses manières : les modalités d’accès à la terre, son coût, mais surtout la notion centrale de notre propriété « collective » de la Terre, qui convoque notre responsabilité écologique. Nous sommes collectivement dépositaires de cette responsabilité, et des choix de systèmes économiques et agronomiques dont les incidences sont majeures sur la destruction de l’habitabilité des milieux de vie, ou à l’inverse sur leur régénération. Il faut concevoir autrement aujourd’hui nos territoires, dans leur capabilité, leur autonomie et leur capacité à faire de la place en reliant mieux les énergies. Et le tout dans une démocratie locale et éclairée ! Cela implique de s’organiser et d’en avoir le goût pour développer une autre culture de l’accueil et de la cohabitation. S’il faut encore convaincre les populations, c’est plus largement un écosystème de l’accompagnement des nouveaux habitants qu’il faut mettre en place, ce qui est d’autant moins facile, que cet écosystème ne peut avoir de « chef ». C’est toute une organisation, avec de nombreux

maillons qu’il convient d’animer, avec, au centre, les accueillants, à savoir les « déjà-là ».

Enfin, en parlant d’écosystème justement, je dirais qu’il faut aussi ouvrir le champ des relations avec les écosystèmes au sens premier tu terme, celui du vivant. Quelle place donne-t-on aujourd’hui aux relations avec les écosystèmes locaux non humains ? Comment on en prend soin ? Cela ouvre un vaste champ de refonte de nos manières de vivre et d’entreprendre dont il faut urgemment se saisir…







Interview réalisée avec le soutien de







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